Hommage à tonton Drissa des Bobodioufs
Certains l’appellent Sa Majesté, d’autres, Tonton Drissa . De son vrai nom Jean Gustave Conombo, il a été decouvert par le grand public avec la célèbre série télévisée « les Bobodioufs ». Qui est Monsieur Jean Gustave Conombo ? Fils du Sam Naaba dans la cour royale du Larlé, il est né le 31 décembre 1941 à Ouagadougou. Il a embrassé très tôt la carrière de bibliothécaire après ses études secondaires. Recruté au Centre Culturel Franco-voltaïque à Ouagadougou, Il n’y restera pas longtemps ; il sera affecté au Centre Culturel franco-voltaïque (CCFV) de Bobo Dioulasso qui a ouvert ses portes en 1968, où il y exercera toute sa carrière professionnelle à la bibliothèque avec son compagnon M. Alain Kompolé, un natif de Bilbalgho (Paix à son âme), jusqu’en 2004 lorsqu’il prit sa retraite.
Le CCFV devenu plus tard le Centre Culturel Henri Matisse était quasiment le seul endroit à Bobo Dioulasso où les scolaires et étudiants pouvaient s’adonner à la lecture dans la sérénité. Tous les élèves de Bobo Dioulasso dans les années 1970 et 80 ont eu certainement à fréquenter ce lieu qui était un passage obligé soit pour préparer un exposé soit pour emprunter un roman ou tout simplement lire les bandes dessinées. En effet, on y trouvait toutes les collections d’Asterix, de Tintin, les Pieds Nickelés, Rahan, que sais-je encore ! Enfin, on y passait du bon temps.
Si l’accès de la bibliothèque était libre, il fallait cependant observer les règles de conduite en vigueur dans l’enceinte. M. Conombo avait cette tâche pas facile d’instaurer cette discipline. Et il s’y consacrait avec la rigueur et le sérieux qu’il fallait. Les bruits et les chuchotements étaient formellement interdits. M Conombo et son collègue M Kompolé, étaient chargés de la gestion de la bibliothèque surtout la section des jeunes. Impossible d’accéder dans la bibliothèque sans que M. Conombo ne te fixe du regard comme pour deviner tes intentions. Et il avait raison, facilement, tel un psychologue, il détectait, ceux qui étaient capables de petits larcins (certains élèves s’adonnaient au vol de livres et de romans). Et lorsqu’il les attrapait de temps à autre, ces derniers étaient punis jusqu’à ce qu’ils regrettent leur forfait. Il avait un petit fouet qu’il exposait de manière visible sur son comptoir afin de dissuader d’éventuels enfants indélicats de commettre des forfaits. Mais en bon éducateur, il te donnait une autre chance de fréquenter la bibliothèque.
Dans les années 1970 et 80, il habitait le quartier Koko et se caractérisait par sa discrétion et sa sérénité à toute épreuve.
En dehors de ces fonctions de bibliothécaire, M. Conombo était un passionné de théâtre et de radio à ses heures libres. A la fin des années 70 et début des années 80, Il animait une causerie sur les faits de société tous les dimanches soirs de 18 H à 19 H à Radio Bobo avec son complice Keita Sountéré Adama (Paix à son âme) où on lui avait attribué le surnom de Sa Majesté. Cette causerie (débat contradictoire) où toutes les composantes de la société étaient représentées était une émission phare de Radio Bobo. Dans cette causerie, M. Conombo tenait le rôle de l’intellectuel mâture et respectueux des valeurs sociétales et des bonnes manières.
C’est tout naturel qu’il passa au cinéma avec la célèbre série télévisée Les Bobodioufstrès populaire jusqu’à nos jours.
Il fût un père pour de nombreux jeunes de Bobo Dioulasso et un grand encadreur. Ni méchant ni sévère mais plutôt strict dans l’observation des règles.
M. Conombo, notable de la cour royale de Larlé prit sa retraite à Bobo Dioulasso à Ouezzinville où il a son domicile. Il nous a quitté le 22 décembre 2014 après une carrière bien remplie dans la ville de Bobo Dioulasso qui est restée jusqu’à la fin la ville de son cœur.
Qu’il repose en paix et que le seigneur l’accueille dans son paradis. Amen.
Source: Bobo Avant Avant
