POUR TENTER
de disculper sa mère incarcérée à Lyon, accusée du meurtre de son amant, une adolescente de
17 ans a empoisonné son père, René Maillard, 49 ans. Dans une fausse lettre d’aveux adressée
au président du tribunal qui devait rejuger sa femme, Jamila Belkacem, 42 ans, en appel, il
reconnaissait avoir tué l’amant de son épouse, Jacques Brunet, 50 ans, un vétérinaire, en instance
de divorce. Jamila avait été condamnée à vingt ans de prison en avril 2002 pour le meurtre de
son amant. La jeune fille a avoué jeudi soir et reconnu que ce scénario avait été préparé par sa mère en prison.
Le 24 février, René Maillard, un ouvrier, avale une bouchée du gâteau, un
flan, confectionné par sa fille aînée avant de se coucher. L’homme sombre dans le coma. A ses
côtés, une petite bouteille de gaz, robinet ouvert. Trois jours plus tard, le président de la
cour d’assises du Rhône a reçu une lettre signée de René Maillard avouant le crime, annonçant
son suicide et disculpant son épouse. Ces aveux avaient été fabriqués de toutes pièces par sa
fille et son épouse incarcérée.
Mais le père a survécu au gâteau bourré de barbituriques. A
son réveil, après quinze jours de coma, René Maillard assure n’avoir jamais eu d’intentions suicidaires. C’est son épouse qui avait tout manigancé du fond de sa prison. « Une femme forte,
manipulatrice, capable de faire face à toutes les situations », estime un enquêteur. C’est elle
qui a persuadé sa fille de passer à l’acte. Elle lui a fourni des anxiolytiques à mélanger au
dessert mortel. Des médicaments qu’elle se faisait prescrire en prison et qu’elle conservait
soigneusement avant de les remettre à sa fille lors des visites. C’est au cours d’un de ces
parloirs que Jamila aurait remis à sa fille le modèle de fausse lettre d’aveux à taper à la
machine et les adresses : une pour son avocat et l’autre pour le président de la cour d’assises.
La jeune fille a aussi apporté son livret de correspondance scolaire à la prison pour que Jamila y imite la signature à apposer sur la lettre.
« On lui prête un faux rôle dans cette affaire», explique Me
François La Phuong, avocat de Jamila Belkacem, qui nie en bloc. Jamila
a cependant été mise en examen hier pour « complicité de tentative d’assassinat » et « faux» par le juge d’instruction Guy Sens de Villefanche-sur-Saône. Sa fille a aussi été mise en examen pour « tentative d’assassinat » et écrouée à la maison d’arrêt de Valence.